Avons nous vraiment envie de traverser le placo du mur climatique ?
Depuis deux ou trois semaines je cherchais un nouveau sujet d'article. Sujet tout trouvé, rien de bien folichon, j'allais parler de chatGPT, 6 mois après tout le monde, pour mon ressenti, l'avenir de mon métier, du capitalisme...
Puis sont paru plusieurs articles sur la situation actuel faisant vibrer mon plus gros sujet d'anxiété sur les dernières années : le changement climatique.
Telle une énorme claque dans la gueule après s'être explosé cette même gueule contre un mur alors que nous courions tous droit devant, attaché les uns aux autres, en regardant... J'en sais rien en fait. Ces différents articles ont résonnés avec les évenements climatiques majeurs de ces dernières années. Évenements très loin mais très inquiétant (Les incendies en Australie en 2019, en Californie aux USA en 2022, les vagues de chaleur intense partout dans le monde en 2022 égalements...)
Mais ceux qui relèvent la tête et voient le mur arriver subissent les moqueries ou sont dénigré·e·s par ceux qui courent sans regarder ou qui crient au mirage en voyant le mur. Et finalement la course effrénée vers ce mur ralenti à peine.
Ici, en France, 4 villages n'ont plus accès à l'eau potable
Dans ma tête, ça a fait tilt et j'ai eu l'image ci dessous qui m'a traversé l'esprit

Nous le savons que nous allons se manger un mur, mais ce mur il était visible, il n'était pas trop loin. Avec 43°C à Nantes en journée, 35°C la nuit nous savons que nous sommes très proches du mur, ça se sent. Et ce mur, ça fait des années que certaines d'entre nous en parlent ou l'étudie et même nous ont déjà alertés à son sujet depuis 1990 (vous savez, le GIEC ou sur Wikipédia). En 1971 le MIT alerte sur une "course contre la montre climatique". Pire encore, en 1965 des scientifiques de la maison blanche affirme que la hausse du CO₂ atmosphérique pourrait modifier durablement le climat (Source Basta.media et Le Figaro).

Mais pour beaucoup, ce mur est encore trop loin, n'existe pas ou chacun ne veulent pas arrêter cette course effrénée sous prétexte que seul ce n'est pas possible laissant que peu de gens pour tenter d'arrêter cette course. (Ou le fait qu'il ne faut pas sacrifier la sacrosainte économie).
Pour beaucoup, voir le mur arriver est compliqué quand on ne voit déjà pas la fin du mois.
Pourtant le mur il est bien là, et nous ne faisons plus que le voir, nous venons de traverser le papier peint très lentement, à la manière d'un film d'action en ultra ralenti.
Le truc, c'est que ce mur arrive pas à toute la planète en même temps, mais progressivement. En mars 2022 en Inde, 90 personnes sont mortes de chaud sous 51°C réel (et pas ressentit) (Wikipédia). Cette année, fin avril 54°C sont ressentis en Thaïlande causant ainsi près d'une dizaine de décès. Mais là encore, ils sont loin et c'est proche de la saison des moussons, l'année dernière l'Inde c'était comme ça. Leurs périodes chaudes sont de plus en plus chaudes, et leurs périodes pluvieuses le sont de moins en moins.

Sauf qu'en Espagne, fin avril 2023 ils ont atteint les 38,8°C réel mesuré, soit plus de 15°C au dessus des normales de saison. Et c'est pas le point le plus préoccupant, le pays entier est en proie d'une très grande sécheresse, 74% du territoire espagnol se trouve en risque de désertification, 18% est en risque très élevé. 40 000 hectares, soit 4x Paris , sont déjà partis en fumé depuis janvier. Je sais pas si vous saisissez l'ampleur des dégâts, 3/4 du pays en manque cruel d'eau. C'est comme si on vous annonçait que seul la Bretagne, la Normandie et le Nord serait encore vivable, le reste de la France non.
🇪🇸 🌡️ 38.7°C #Cordoba ce 27/04.
— Météo-France (@meteofrance) April 27, 2023
👉La moyenne mensuelle des T°C max sur cette station est normalement de 22.8°C pour un mois d'avril et de 27.4°C en mai.
📊@aemet https://t.co/BKur9yNAXL pic.twitter.com/RV33NrHXab
Parce que ce n'est pas ce qu'il y a de pire, le gouvernement espagnol cherche à limiter l'eau dès avril, car il n'y en a pas assez. C'est catastrophique pour les habitants, car ils observent déjà une pénurie d'eau. L'année dernière ils avaient même importés de l'eau via bateau cargo de France !
Égoïstement nous pouvons nous demander "ok, mais c'est qu'en Espagne, il a toujours fait chaud, ils ont qu'à mettre la clim et basta !". Déjà, sachez que je vous conchie très fort à avoir pensé ça. Égoïstement, sachez aussi que l'Espagne est le potager de l'Europe (et donc nos assiettes sont remplis en grosse partie par l'Espagne), cette même Espagne en manque d'eau.
Sachez qu'en 2017, 40% de nos légumes étaient importés. La France est par ailleurs le second plus gros client de l'Espagne. Sauf que sans eau, les légumes ça pousse TRÈS mal. Et je ne parles pas de quelques plants d'avocat en galère, mais bien d'une sécheresse majeur. Les agriculteurs n'ont plus d'eaux dans les puits, 64% des productions non irrigués (notamment les céréales) sont d'ores et déjà perdu. L'Espagne est le potager de l'Europe et nous allons le subir très fortement dans les mois qui viennent.

Je suis effaré des remontées de la catastrophe agricoles nationales espagnoles.
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) April 21, 2023
➡️ la sécheresse sur 60% des surfaces & >-50% production nationale en céréales 🤯
➡️ 3.5 millions d'ha (333 fois la taille de Paris !) sont définitivement perdus. 3.5 M d'ha ! 😱
La suite ? Une… pic.twitter.com/UVY5guSmUZ
L'Espagne n'est pas assez proche de la France n'est ce pas ? En France aussi la situation est très alarmante. Après un été 2022 très sec et très chaud (43°C à Nantes, en 20 ans je n'ai jamais vu ça) et un déficit en eau très important, l'hiver ne nous a guère gâté. C'est bien simple, nous sommes début mai, les plantes repoussent et nous avons une forte carence en pluie mettant à mal nos réserves d'eau. Certaines plantes ont même continuées à bourgeonner en plein hiver à cause de température trop élevée et une plante qui bourgeonne c'est une plante qui consomme de l'eau. Au final, la situation demeure peu satisfaisante sur une grande partie du pays : 75% des niveaux des nappes phréatiques restent sous les normales mensuelles.

La sécheresse s'installe en France, les météorologues tirent la sonnette d'alarme, les agriculteurs le constatent déjà, il ne pleut pas assez, et les pluies actuelles sont juste insuffisantes.
Dans certaines régions ça passe, dans d'autre, la situation est critique comme dans les Pyrénées-Orientales. Le retour de la pluie est attendu la semaine prochaine, mais malheureusement elle ne sera pas en quantité suffisante pour endiguer la sécheresse.
Le niveau d'humidité des sols de cette fin avril correspond au niveau d'un mois d'août, avec plus de trois mois d'avance.
Florence Vaysse, référente territoriale Météo France Languedoc-Roussillon.

C'est dans cette même région que 4 villages du Bas-Conflent dans les Pyrénées-Orientales n'ont plus accès à l'eau potable voir n'ont simplement plus accès à l'eau courante.
Nous en sommes là. Les habitant-e-s de ce villages on fait un recul de presque 70 ans. L'eau y est arrivée en 1956, en 2023, le 24 avril alors que tout devrait être au vert, l'eau ne coule plus dans un de ces villages.
Mais nous continuons à courir vers ce mur. En France, personne ne semble prêt à vouloir changer.
Au Pays Bas, ils amorcent un virage à grand coup de milliards tandis que nous, nous tentons de tordre encore la nature à coup de bassine alors qu'il ne pleut juste pas assez (et dont même des experts les juges inefficaces (encore une réponse court termiste...))

Mais même sans regarder tous ces chiffres, ces experts et ces calculs, ce changement nous le sentons. J'ai vécu dans le même département pendant plus de 25 ans. On est passé d'été faiblement chaud (au grand maximum un 30°C pendant 7 jours avec un 15°C la nuit) à des 35°C pendant 2-3 semaines et des températures qui ne descendait pas en dessous des 20°C pendant la nuit. Et les phénomènes météorologiques exceptionnels ont juste explosé. La grêle c'est pas quelques choses qu'on voyons souvent. Depuis une dizaine d'années, à tous les printemps y a une grêle avec des grêlons de la taille d'une balle de tennis ou de pétanque qui ravage les cultures. Nous avons des hivers de plus en plus doux avec des vagues de froid brutales et rapide toujours plus intense qui abime voire tue les plantes qui pensaient déjà être au printemps.
43°C à Nantes, avec 35°C la nuit pendant 2 semaines toutes les 2 semaines, c'est pas vivable ! (Même si la mairie adore minéraliser la moindre parcelle de nature qui déborde).
Et venez pas me parler de cycle ou j'sais pas quoi, y a des scientifiques, revus par de nombreux pairs, avec des méthodes vérifiables et vérifié et des calculs ainsi que notre technologie actuelle qui en sont arrivés à cette conclusion, donc votre gourou sur son site perso planqué dans un coin et validé par 3 pelos flagué comme complotiste j'm'en cogne mais tellement fort.

En tout cas l'avenir semble compliqué. L'année dernière nous avons déjà dû limiter l'eau, cette année nous n'en avons déjà pas assez alors qu'on vient de finir la période où nous sommes censés en avoir reçu plein.
Mais avec tout ça quelques questions me taraudent, si l'Espagne perd une grosse partie de ses terres agricoles, notre nourriture va être encore plus chère, nous allons surement devoir limiter encore plus l'eau ET sans cours d'eau pour refroidir les centrales nucléaires, plus d'électricité ?
Je m'attendais à ne plus avoir de pétrole avant de voir l'eau comme une ressource manquante en France. Mais finalement ça commence à dériver sur du Mad Max où nous avons encore du pétrole mais l'eau devient rare et qui contrôlera l'eau aura le pouvoir.

Photo de redcharlie | @redcharlie1